Tu n’as pas la majesté d’une cathédrale. Tes pierres sont des moellons bruts et non des pierres de taille. Les gens qui te cherchent ont parfois du mal à te trouver et ces dernières années, la pluie entrait et arrosait les bancs du fond avec enthousiasme. Mais pour toutes celles et tous ceux qui ont célébré messes et baptêmes, participé aux assemblées dominicales en l’absence de prêtres (ADAP), qui se sont retrouvés pour prier et chanter, tu es plus qu’un assemblage de béton et de bois. Tu es la Maison du Père, un lieu familier et familial où nous nous retrouvions pour louer Dieu ensemble. Humble chapelle au cœur d’une ville et d’une résidence, que de moments heureux tu nous as donné de vivre ! Chacun, chacune de nous a plusieurs souvenirs particuliers à évoquer. Et nous sommes nombreux à avoir le cœur lourd à l’idée de célébrer la dernière messe entre tes murs. Mais l’Ecclésiaste nous le rappelle : « Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux ». 

Nous prions souvent pour nos frères et sœurs qui ne peuvent se réunir pour louer Dieu dans des pays où il est dangereux d’afficher sa foi. Ainsi, voilà peut-être ta dernière leçon d’humilité, car si nous pouvons ne pas comprendre la décision de te fermer et la contester, nous pouvons aussi choisir de dire merci, de rendre grâce d’avoir eu, toutes ces années, un lieu où vivre notre foi ensemble. Ce n’est pas l’église qui fait les chrétiens mais les chrétiens qui font l’Église. Et le témoignage que nous apportons au monde, c’est dans notre vie de tous les jours qu’il doit être le plus visible. Laissons Jean, l’Évangéliste dont tu tires ton nom, nous consoler avec cette promesse :

 « Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : L’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père (…). Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. »  (Jn 4 22-23).